Introduction Ce colloque s'inscrit dans le cadre de l'appel à projet CNRS ATTENTAT - RECHERCHE. Il est organisé avec l'Unité de Recherche Migration et Société et l'ESPE de l'académie de Nice. Les financeurs sont par ordre d'importance :
Dans un contexte national et international d’augmentation générale du racisme, de l’antisémitisme et de la xénophobie, la prévention et la lutte contre ces phénomènes sont des préoccupations majeures de nos sociétés (ECRI, 2012[1]). Les discours de haine et d’incitation à la haine à l’encontre des minorités ethniques, de religions spécifiques ou de populations vulnérables contribuent aux phénomènes de radicalisation et alimentent les extrémismes. Ils contribuent de même à accroître le sentiment d’insécurité et la violence. Ils altèrent le climat social et la vie politique de l’ensemble des citoyens. La majorité des jeunes sont très actifs sur Internet où ils recherchent le contact continu avec le groupe de pairs (Boy, 2014 ; Mascheroni & Olafsson, 2014). Si dans les premières années du développement de la communication sur Internet, certains avaient été amenés à croire en l’émergence d’environnements virtuels libres de préjugés raciaux et racistes (Negroponte, 1995; Ess, 2001), la réalité est toute autre (Daniels, 2012). Comme souligné par Nakamura (2002), dès le début des années 2000, la question de la race reste présente sur internet, et avec elle celle du racisme. Selon le Comité des Ministres de l’Union Européenne dans sa Recommandation (97)20 sur le discours de haine, les discours haineux ou d’incitation à la haine peuvent avoir un impact plus important lorsqu’ils sont relayés par les médias. Grâce à Internet et aux médias sociaux, les groupes d’incitation à la haine tentent de recruter et promouvoir une identité collective, notamment auprès des jeunes générations (Perry & Olson, 2009). En Europe, l’augmentation de la popularité des partis d’extrême droite a contribué à une plus grande inquiétude d’une partie de la population quant aux messages haineux publiés en ligne (Caiani & parenti, 2013 ; Lucassen & Lubbers, 2012). Cette inquiétude est aussi alimentée par les massacres et les actes terroristes qui sont pour la plupart revendiqués par des messages en ligne. C’est le cas en 2011, pour les attaques perpétrées en Norvège (Sandberg, 2013) et celles des écoles en Finlande en 2007 et 2008 (Oksanen, Nurmis, Vuori, & Räsänen, 2013), tout comme pour les attentats terroristes plus récents. La CNDH, dans son rapport de 2014, souligne que si l’augmentation moyenne des actes de racisme est faible, les discours de haine sur Internet se sont significativement développés. Tout comme se sont grandement développés les messages haineux visant l’identité singulière ou collective (INACH, 2012). Internet et l’accès continu aux réseaux sociaux et aux groupes de pairs, redessinent les modes de socialisation, la communication, les relations sociales et les processus de subjectivation contemporains mais aussi la définition des identités, fortement médiatisées. Si la mise en scène du soi en ligne peut contribuer à renforcer l’estime de soi et participer à la construction identitaire en permettant de jouer de ses différentes cartes identitaires avec un filet de sécurité (pseudonyme, distance) (Green & Haddon, 2009 ; Peter, Valkenburg, & Fluckiger, 2009), cela peut aussi être source de compétition entre les individus, dégénérer en rejet voire en « lynchage » en ligne. Le cyberespace et plus particulièrement les réseaux sociaux sont considérés dans bien des discours publics et politiques comme le vecteur de propagande extrémiste voire de radicalisation des jeunes. Il est incontestable que les groupes radicaux et extrémistes ont recours au web afin de diffuser leurs messages et de tenter d’amener les jeunes à adhérer à leurs idéologies (Benschop, 2006 ; Knobel, 2012 ; Stevens & Neumann, 2009 ; Weimann, 2004). Aucune recherche à ce jour ne démontre qu’Internet radicalise les jeunes, contrairement au discours public souvent véhiculé. Si la cyberhaine est un phénomène ancien, (on pensera à la création du site web de Stormfront en 1995) comme le montrent Wolf et Foxman (2012), ce n’est qu’avec les évènements terroristes récents que le rôle des médias sociaux en termes d’incitation à la haine est devenu une question vive. Ce colloque international a pour objectif de présenter les travaux menés sur la question dans le cadre de l’appel à projets cnrs-attentats et de rassembler des chercheurs autour des questions de cyberhaine, d’incitation à la haine sur Internet, des identités religieuses des jeunes en ligne et hors ligne dans une approche multidisciplinaire de ces questions. Quelle est la prévalence de l’exposition des jeunes à des contenus haineux en ligne ? Quelle est leur implication en tant que victimes, auteurs ou témoins? Quelles sont les conséquences en termes socio-émotionnel et d’adhésion à des idées violentes voire extrêmes en ligne ? Comment s’articulent les identités individuelles, collectives, religieuses en ligne et hors ligne ? Les présentations en Anglais ou en Français (service d’interprétariat) réuniront des chercheurs nord-américain et européens.
Ce colloque s’articulera autour de deux axes : I. L’analyse politique de la haine sur Internet en lien avec la jeunesse II. L’implication des jeunes dans la haine sur Internet Comité Scientifique Catherine Blaya (Dir. scientifique) (Université Nice Sophia Antipolis / URMIS) Alessandro Bergamaschi (Université Nice Sophia Antipolis / URMIS) Jean-François Bruneaud (Université de Bordeaux/LACES) Sonia Dayan-Herzbrun (Université Paris Diderot / Laboratoire du Changement Social et Politique) Aurélie Dumond (Université Nice Sophia Antipolis / URMIS) Rania Hanafi (Université Nice Sophia Antipolis / URMIS)
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