Résumés des Communications

Harcèlement haineux en ligne et cyberharcèlement : facteurs de risques corrélationnels dans une perspective d’intervention

Anna C. Baldry1 & Anna Sorrentino2

1 Professeure associée en Psychologie Sociale, Second University of Naples        

2 Doctorante - Departement de Psychologie, Second University of Naples

 

De même que le cyberharcèlement, la cyberhaine est un problème en augmentation parmi les adolescents (Potok 2015). Cependant, à la différence du cyberharcèlement, la cyberhaine ne réfère pas à une personne unique, mais vise à l’humiliation, au dénigrement et à la dévalorisation des autres du fait de leur religion, leur race, leur origine ethnique ou leur orientation sexuelle et cherche à recruter et rassembler d’autres personnes afin de soutenir leur cause (Douglas 2007; McNamee et al. 2010).

Cette étude vise à analyser la diffusion de la cyberhaine auprès d’un échantillon de 5 058 étudiants italiens de 11 à 18 ans (47.4% de garçons), interrogés sur leurs expériences en ligne. Cette rercherche s’intéresse particulièrement au rôle que l’éducation parentale et professorale et la sensibilisation ont sur le cyberharcèlement et la volonté de l’étudiant à signaler des groupes de cyberhaine en ligne à des adultes responsables.

Les résultats montrent que le cyberharcèlement était signalé respectivement par 31.4%  des participants et 30.3% ont indiqué connaitre des étudiants soutenant et/ou prenant part à des groupes de haine en ligne et des étudiants partageant des contenus en ligne appelant à la violence ou des contenus menaçants. L’analyse par régression hiérarchique effectuée a démontré qu’une faible éducation parentale et par les pairs ainsi qu’une faible sensibilisation au cyberharcèlement, la réticence des étudiants à aider les cybervictimes et la connaissance de l’existence de groupes de haine en ligne étaient liées au refus des étudiants de signaler des incidents de cyberhaine.

Nous présentons les implications et les limites de l’étude.

 

 

L’exposition et l’implication des jeunes dans les messages de haine en ligne : racisme, xénophobie, anti-Sémitisme, Islamophobie

Blaya Catherine1, Aurélie Dumond2, Jean-François Bruneaud3, Alessandro Bergamaschi4, Rania Hanafi4, Sonia Dayan-Herzbrun5.

1 Professeure en Sciences de l’Education - Ecole Supérieure du Professorat et de l’Education - Université Nice Sophia Antipolis - URMIS (UMR CNRS 8245 - IMR IRD 205) - Présidente de l’Observatoire International de la Violence à l’Ecole

2 Doctorante Université Nice Sophia Antipolis - URMIS (UMR CNRS 8245 - IMR IRD 205)

3 Maître de Conférences – Université de Bordeaux  - LACES EA - 4140

4 Maîtres de Conférences - Ecole Supérieure du Professorat et de l’Education - Université Nice Sophia Antipolis - URMIS (UMR CNRS 8245 - IMR IRD 205)

5 Professeure émérite en sociologie politique et en études féministes à l'Université Paris Diderot (Laboratoire du Changement Social et Politique). Elle est également directrice de la revue Tumultes.

 

Suite aux attentats terroristes qui ont affecté plusieurs parties du monde, la préoccupation quant à l’exposition ou l’implication des jeunes en tant que victimes, auteurs ou témoins de messages de haine en ligne et leur adhésion possible à la violence extrémiste semble aller grandissant. L’adolescence différe de l’âge adulte en ce qui concerne l’influence du groupe de pairs, l’estime de soi, l’importance de son image et sa malléabilité (Steinberg & Cauffman, 1999). Les groupes de haine cherchent à recruter des jeunes et en font une cible privilégiée (Lee & Leets, 2002). En France, la LICRA (2012) et le CNDCH (2012) annoncent une augmentation des contenus racistes en ligne.

Cette recherche, financée par le CNRS dans le cadre de l’appel à projets « attentats-recherche », a pour objectif d’évaluer la prévalence de l’exposition et de l’implication des jeunes  (11-20 ans) en ligne en tant que victimes, auteurs, témoins à l’aide d’une enquête par questionnaire (n=1500). Nous nous intéressons aussi aux stratégies de coping face à ces situations et aux conséquences tant au niveau du bien-être qu’à l’adhésion éventuelle à des idées violentes. Cet aspect a été plus particulièrement abordé dans le cadre d’entretiens individuels (n=22). Les résultats montrent qu’un jeune sur trois a été exposé à des contenus haineux lors des 6 derniers mois, que 13,8% se déclarent victimes et 9% auteurs. L’étude des conséquences indique que ces contenus non seulement génèrent du malaise mais aussi de la haine chez leurs récepteurs et que les stratégies de coping ne sont pas toujours appropriées. Ces données seront discutées dans une perspective de prévention et d’intervention.

Mots-clés : cyberhaine, jeunes, racisme, implication, consequences.

 

Présentation de la plateforme “Seriously” pour désamorcer les discours de haine sur les réseaux sociaux et autres fils de commentaires

M. Guillaume Buffet

Administrateur de Renaissance Numérique, Créateur de SERIOUSLY

 

1 – Seriously, pourquoi, pour qui ?

Seriously est un outil qui a été pensé et développé par le think tank citoyen Renaissance Numérique, et co-construit avec des associations et des experts partenaires. Notre volonté est de contribuer à la recherche de solutions pour endiguer la dynamique haineuse sur Internet. Fort de son expertise sur le contre-discours, le think tank a donc initié l'incubation de son premier projet "do-tank" : la plateforme Seriously.

Notre démarche repose sur trois fondamentaux :

• L'appel à l'aide des victimes/témoins de propos haineux

• L'apprentissage de la désescalade de la haine dans les échanges

• L’implication et la responsabilisation individuelle des citoyens

2 – Les étapes clés de Seriously

• Mars 2016 : Organisation de deux journées d’ateliers avec une 30aine d’associations et experts partenaires pour co-construire Seriously.

• Juin 2016 : Lancement de la version beta de la Plateforme (test&learn)

• Été 2016 : Lancement des phases de tests

• Rentrée 2016 : Recueil et intégration des retours d’expérience et lancement officiel.

3 – Démonstration en live du parcours utilisateur de Seriously

Au-delà de la plateforme, Seriously est une méthodologie au service des associations et des internautes pour concourir à la citoyenneté numérique de demain. Notre méthodologie se déroule en plusieurs étapes :

• Qualifiez les propos rencontrés: face à quel type d'injure êtes-vous confronté ?

• Objectivez le débat grâce à la fonctionnalité « fact checking », qui vous propose des chiffres et des faits concrets.

• Dépassionnez la discussion grâce à la fonctionnalité « conseils d’experts », qui vous aide à trouver la bonne tonalité pour répondre.

• Illustrez et ajustez votre argumentaire grâce à des vidéos, des images, des textes, etc.

• À la fin, récupérez vos contenus dans une même page et répondez pacifiquement.

4 – Analyse de trois tests Seriously sur cas réels.

1. Visibilité du contre-discours positif

2. Prévention à la désinformation

3. Désescalade de la haine

 

Des prophéties mensongères aux messages de haine sur internet

Sonia Dayan-Herzbrun

Professeure émérite en sociologie politique et en études féministes à l'Université Paris Diderot (Laboratoire du Changement Social et Politique). Elle est également directrice de la revue Tumultes.

 

En 1949, paraissait aux Etats-Unis « Prophets of Deceit », cinquième volume de la série des Studies on Prejudice, dirigée par Max Horkheimer et Theodor Adorno.  Il s’agissait dans cet ouvrage rédigé par Leo Lowenthal et Norbert Guterman, de repérer et  d’analyser  les discours de ceux qui agitaient  la société américaine en désignant les juifs comme des ennemis et en propageant l’antisémitisme. Les autres volumes de cette magistrale étude menée par une très large équipe de chercheurs venus de nombreuses disciplines complémentaires se centraient sur la réception et les récepteurs de ces messages. L’objectif à long terme était à la fois politique et pédagogique: déceler les « potentialités fascistes » et réfléchir à une « pédagogie démocratique ». L’antisémitisme y apparaissait comme un élément d’un ensemble dans lequel pouvaient apparaître d’autres types de stéréotypes (à l’égard des noirs, des japonais, des femmes).

Des discours de ces agitateurs qui étaient souvent des prédicateurs, on est passé à des messages sur internet, et les récepteurs de ces messages sont maintenant également des (très) jeunes. L’objectif visé reste cependant le même: comment analyser cette soumission à des injonctions irrationnelles qui incitent à la haine, et comment rendre possible la prise de distance critique qui est au centre de tout projet démocratique?

Mots-Clés: Théorie critique, racism, pluridisciplinarité, stéréotypes, pédagogie démocratique.

 

Relations de statut et changement de figure de l’extrémisme aux Etats-Unis depuis 1960

James Hawdon

Professeur de sociologie. Il est directeur du Centre d’Etudes pour la Paix et la Prévention de la Violence - Virginia Tech- Blacksburg, Virginia, USA

 

Alors que des groupes tels que l’EI font la une des médias, la plus grande menace terroriste aux Etats-Unis reste et est toujours venue de groupes extrémistes locaux. Me basant en partie sur l’Institut National de la Justice,  j’utilise une typologie commune des groupes extrémistes et haineux pour illustrer les changements dans les groupes qui ont été les plus actifs aux Etats-Unis depuis les années 1960. Plus particulièrement je m’intéresse aux groupes les plus actifs qui sont passés des groupes radicaux de gauche aux groupes d’extrême droite des années 1960 et 1970 à nos jours. J’examine aussi la montée des groupes radicaux djihadistes depuis la fin des années 1900 et la menace grandissante qu’ils représentent. De plus, nous présenterons comment les groupes extrémistes ont changé de stratégies pour exprimer leur haine. Nous nous intéresserons particulièrement à la façon dont les capacités de dissémination du Net ont radicalement changé les tactiques des groupes haineux et extrémistes. De plus, nous basant sur une collecte de données aléatoire auprès d’un échantillon d’Américains (15-30 ans) en 2013-2015-2016, nous analyserons l’augmentation de l’exposition à des contenus haineux en ligne.  Enfin, nous proposons un modèle théorique des modes de fonctionnement de l’activisme extrémiste. A partir d’une approche macro-historique, l’extrémisme peut être compris comme des tentatives d’auto-sauvetage.  Ainsi, les extrémistes s’engagent dans la création de frontières et adoptent des comportements de protection qu’ils sont susceptibles de renforcer quand ils sentent que le statut du groupe est menacé. Les schémas des activités extrémistes sont ainsi expliqués par les changements dans les statuts hiérarchiques des divers groupes impliqués. Nous conclurons  en présentant les implications théoriques et pratiques pour lutter contre le terrorisme.

Mots-clés : Groupes haineux, Extrémisme en ligne, Relations de statut, Cybervictimation, Contre-terrorisme.

 

Relations de statut, exposition et participation à l’extrémisme en ligne aux Etats-Unis

Pr. James Hawdon

Professeur de sociologie. Il est directeur du Centre d’Etudes pour la Paix et la Prévention de la Violence - Virginia Tech- Blacksburg, Virginia, USA

 

Cette recherche, fondée en partie par l’Institut National de la Justice, s’intéresse aux créateurs de messages extrémistes en ligne, à qui les diffuse ainsi qu’à ceux qui y sont exposés et le plus  atteints. A partir de la théorie de Milner sur les relations de statut pour expliquer la participation individuelle à la dissémination de l’extrémisme, nous soutenons que ceux qui ont des croyances extrémistes ont tendance à se trouver dans des situations vulnérables. Plus particulièrement, ces individus font majoritairement partie de groupes qui ont peu de perspectives de succès matériel et leur statut social est fragile. De plus, la plupart des personnes impliquées dans la dissémination d’idées extrémistes en ligne sont d’autant plus aliénées qu’elles sont membres de réseaux sociaux très soudés mais  marginaux. Toujours au travers de la même approche théorique, nous avançons que ceux qui occupent des positions compétitives mais vulnérables d’un point de vue structurel, tout comme ceux qui contribuent à disséminer la haine, sont les plus susceptibles d’être vulnérables à l’extrémisme en ligne. Ces hypothèses théoriques sont testées auprès d’un échantillon aléatoire d’Américains âgés de 15 à 30 ans et sont confirmées à l’aide de régressions logistiques et de régressions logistiques ordinales.  Ainsi, agresseurs et victimes sont liés par la recherche de statut qui caractérise le contexte économique post-industriel de chances limitées de succès matériel pour un grand nombre d’individus. L’intensité émotionnelle et la violence physique potentiellement associées à cette relation s’expliquent par l’impossibilité d’accéder aux richesses et des perspectives de statut social réduites. Nous conclurons en exposant les incidences théoriques pour la criminologie et implications pratiques pour lutter contre le terrorisme. 

Mots-clés: Extrémisme en ligne, relations de statut, cybervictimation, production de contenus haineux.

 

Perceptions médiatisées de l’ « Autre »: exposition à des sources extrémistes et informations grand public et perceptions de groupes externes religieux.

Elke Ichau1 & Leen d’Haenens2

1Assistante de recherche – Université de Louvain, Belgique
2 Professeur en Sciences de la Communication - Institut d’Etudes des Média - KU Leuven

 

Comme les médias sont supposés jouer un rôle clef dans la perception des gens appartenant à d’autres groupes sociaux, ils sont souvent tenus responsables pour la facilitation d’hostilités envers des groups externes religieux. Bien qu'un certain nombre d'études aient examiné l'impact de l'exposition à des discours de haine en ligne sur la confiance sociale (Näsi et al., 2015), l'attachement à la famille et la victimisation en ligne (Oksanen et al., 2014) parmi les jeunes, peu d'attention est porté à la relation avec les attitudes à l’égard d’autres groupes ethniques et religieux. Outre les sites haineux extrémistes, les sources d'information traditionnelles peuvent contribuer à l’hostilité envers des groupes externes. L’exposition aux informations portant sur le conflit israélo-palestinien, par exemple, a été considérée nourrir les stéréotypes négatifs du groupe ethnique opposé parmi les jeunes Américains juifs et arabes, tout en s’identifiant avec les parties au conflit et en imputant la responsabilité de la violence à l’autre partie (Huesmann et al., 2012).

Tenant compte des motifs complexes qui sont à la base de l’utilisation d’informations des jeunes, le but de la présente étude est d'explorer la relation entre l'exposition aux médias extrémistes, aux nouvelles grand public sur les conflits au Moyen-Orient d’une part et les vues négatives de l’autre. Plus précisément, la présente étude vise à examiner du point de vue des relations intergroupes la relation entre la recherche d’informations extrémistes (de droite et djihadistes), l’exposition à la médiatisation des conflits au Moyen-Orient d’une part et les vues négatives des juifs et des musulmans parmi les adolescents et les jeunes adultes de l’autre. La collecte des données est en cours, constituant une enquête entre des jeunes et jeunes adultes âgés d’entre 16 et 30 ans (N = 220) dans les villes d’Anvers et de Vilvoorde (Belgique), mesurant l’exposition à des médias extrémistes et aux conflits au Moyen-Orient par le biais de différentes sources (médias d’information, sites de réseautage social, les pairs et la famille), la distance sociale perçue par rapport à l’antisémitisme, l’islamophobie et aux groupes religieux externes. Les résultats seront comparés entre les sous-groupes religieux (athées, chrétiens, juifs et musulmans) et ethniques (majorité flamande, minorité arabe / marocaine, minorité juive).

Mots-clés: Médias extrémistes, sources d’information, groupes religieux, antisémitisme, islamophobie.

 

Les théories du complot et leur réception par les jeunes : approche ethnométhodologique

Wajdi Limam

Doctorant - CRESPPA - Université Paris 8 Saint-Denis

 

La lutte contre la radicalisation et la prévention de la radicalisation sont devenues une priorité des pouvoirs publics en termes de discours politiques et de dispositifs de recherches et d’actions depuis les attentats de Paris.

Sur internet, une partie des jeunes semblent se reconnaitre dans le discours de la « dissidence », cette mouvance large qui s’articule autour du personnage d’Alain Soral. Ce discours faisant la promotion des « théories du complot » sous couvert de discours hypercritiques rencontrent un franc succès.

Actualisant une partie du discours de l’extrême droite dite nationale-révolutionnaire, elle recycle les stéréotypes les plus flagrants. Ainsi les Juifs deviennent partie prenante d’une « guerre métaphysique entre l’Église et la Synagogue »; La franc-maçonnerie est considérée comme le clergé officieux de la République, avec des vidéos d’hommes politiques français qui tiendraient des propos favorables sur eux; Les homosexuels sont considérés comme les agents du capitalisme et de « la société libéral-libertaire »; l’islamisme serait une nébuleuse financée par l’Arabie Saoudite et le Qatar deux pays « sionistes » qui financent Daech et les Frères Musulmans.

Ces énoncés sont performatifs car ils mobilisent des stéréotypes, des représentations, des sensations portées par une partie de la population. Ils font écho aux plus jeunes, notamment ceux qui se situent dans une démarche de « compréhension du monde » et qui vont être touché par ces thèses, ces vidéos, pleines de références théoriques.

On peut donc s’interroger sur la possibilité de prendre la défense du « système », incarné par l’État et ses dispositifs, pour déconstruire ces discours, alors qu’ils en sont la cible principale. Comment agir sur ces discours tout en renforçant l’appareillage critique des citoyens?

Mots-clés: Radicalisation, prévention, jeunesse, racisme, internet.

 

Les majorités et minorités ethniques et culturelles à l’école et leur implication dans le harcèlement et le cyberharcèlement

Vicente J. Llorent

Docteur en pédagogie et chargé de cours à l’université de Cordoba – Espagne

 

Les politiques récentes d’inclusion en éducation sont en voie de consolidation dans de nombreux systèmes éducatifs en Europe et au-delà. Il s’agit d’assurer la réussite scolaire, l’égalité et la paix entre tous les élèves. Ainsi, une attention toute particulière est-elle accordée aux minorités. Ces groupes sont susceptibles de rencontrer plus de difficultés et ils pourraient être plus vulnérables en termes de harcèlement et de cyberharcèlement. Cette présentation s’intéresse à la situation des minorités quant à ces deux formes de violence comparée à celle des groupes majoritaires. Les analyses sont réalisées pour le groupe majoritaire dans son ensemble alors que les groupes minoritaires sont divisés à partir de critères culturels (gitans, première et deuxième générations d’immigrants) et en fonction de la diversité sexuelle. Nous avons réalisé une enquête par questionnaire auprès d’un échantillon représentatif composé d’élèves de l’enseignement secondaire en Espagne et plus précisément en Andalousie (2139 élèves sur 372 031 dans 22 établissements scolaires) -  48% de garçons (âge moyen 13,79, SD=140). Il s’agit d’un échantillon en grappes à plusieurs niveaux avec un niveau de confiance de 95% (erreur d’échantillonnage de 2,11%). Le questionnaire portait sur le harcèlement et le cyberharcèlement. Les résultats indiquent une implication des deux groupes. L’analyse en régression montre que l’appartenance à un groupe minoritaire est associée à une variance petite mais statistiquement significative. Cette étude a des implications théoriques et pratiques. Les données devraient être considérées pour orienter les stratégies d’intervention et le curriculum pour prévenir le harcèlement et le cyberharcèlement et promouvoir l’inclusion. Il semble indispensable de mettre l’accent sur la formation des enseignants pour promouvoir un climat scolaire positif.

Mots-clés : Cyberharcèlement, harcèlement, minorités culturelles et ethniques, minorités sexuelles, groupes vulnérables, inclusion en éducation.

 

Jeunes et religions

Charles Mercier

Maître de conférences en Histoire Contemporaine à l’université de Bordeaux (ESPE/LACES)

 

La contribution cherchera à éclairer le rapport entre jeunes et religions dans une époque marquée par la globalisation et la sécularisation. Ce sujet a fait l’objet d’enquêtes collectives à différentes échelles (régionale, locale, continentale) et dans différents espaces (Amérique du Nord, Europe, Australie). Il s’agira, à travers une revue de littérature internationale de présenter une synthèse de la question afin de mieux saisir la problématique des jeunes et de la haine sur Internet. Si la cyberhaine dépasse très largement le champ religieux, elle n’est pas sans rapport avec lui. Les ressources symboliques religieuses peuvent en effet être utilisées comme des vecteurs et des supports de haine, ou au contraire comme des outils pour produire des contre-discours et contrecarrer les stratégies de radicalisation.  

Mots-clés: Jeunes, religions, globalisation, sécularisation, identités.

 

Combattre les discours de haine sur Internet

Rachel Pollack Ichou

UNESCO - Spécialiste adjointe du programme - Division pour la liberté d'expression et le développement des médias

 

L’étude de l'UNESCO « Combattre les discours de haine sur Internet  » donne un aperçu global de la dynamique qui caractérise le discours de haine en ligne et certaines des mesures qui ont été adoptées pour la combattre et l'atténuer, mettant en évidence les bonnes pratiques qui ont émergé aux niveaux local et mondial. La publication offre une analyse complète des cadres normatifs internationaux, régionaux et nationaux, en mettant particulièrement l'accent sur les mécanismes sociaux et non réglementaires qui peuvent aider à contrer la production, la diffusion et l'impact des messages haineux en ligne.

Cette étude couvre un certain nombre d'axes sur lesquels la haine peut être construite, mais pas nécessairement toute la gamme des catégories sociales telles que la race, l'ethnicité, le groupe linguistique, le sexe, la religion, la préférence sexuelle ou la nationalité. Elle reconnaît que, si définie soit-elle, la notion de discours de haine ne concerne pas les idées abstraites, telles que les idéologies politiques ou les croyances - dont les idées ne doivent pas être confondues avec les groupes spécifiques qui y souscrivent. Le discours de haine concerne l'antagonisme envers les gens.

L'étude reconnaît en outre que les principaux problèmes de discours de haine en ligne se trouvent actuellement dans des pays où la connectivité Internet est élevée. Dans le même temps, cette situation peut donner lieu à des développements similaires ailleurs dans la mesure où de plus en plus de personnes se connectent à travers le monde. L'étude montre également que bon nombre des réponses qu'elle évalue ont évolué en tant que réactions aux cas de discours haineux en ligne. Dans cette optique, l’adaptation de certaines de ces expériences pourrait être envisagée de façon proactive et précoce, plutôt que seulement après l'apparition du problème. Le but de cette étude est de chercher des leçons plus larges à partir d'une gamme de situations empiriques.

Mots-clés : Discours de haine, liberté d’expression, mécanismes de réponse, contre-discours, éducation aux médias et à l’information

 

Médias sociaux et la radicalisation des jeunes à l'ère numérique

Rachel Pollack Ichou

UNESCO - Spécialiste adjointe du programme - Division pour la liberté d'expression et le développement des médias

 

Dans le cadre des travaux de l'UNESCO sur l’engagement de la jeunesse pour une paix durable, l'Organisation mène des recherches sur les médias sociaux et la radicalisation des jeunes à l'ère numérique. L'étude commandée fournit une cartographie globale de la recherche sur les rôles assumés par les médias sociaux dans les processus de radicalisation dans toutes les régions, dans le contexte plus large des médias (y compris les effets des médias d'information et de divertissement). Basée sur une revue approfondie de la littérature académique et de documentation parallèle couvrant les 15 dernières années, l'étude trouve que la théorisation du processus de radicalisation est faible et qu’il existe un manque de preuves scientifiques des liens causaux entre les médias sociaux et la radicalisation. On peut dire que les médias sociaux facilitent les processus de radicalisation plutôt que de les conduire, et qu’ils ne peuvent pas être séparés des processus hors ligne. La recherche examine également les mesures prises pour lutter contre la radicalisation, notamment en « protégeant » les utilisateurs en bloquant ou en supprimant le contenu, en habilitant les utilisateurs à faire connaître les médias et l'information, en s'engageant dans le contre-discours et en renforçant le rôle du journalisme. Il fournit une analyse approfondie de l'impact potentiel de ces mesures sur les libertés en ligne et hors ligne. S'appuyant sur ces résultats empiriques, l'étude comprend des recommandations destinées à divers acteurs, y compris des acteurs étatiques, sociétés Internet, nouveaux médias, société civile et chercheurs. Elle conclut que les réponses aux processus de radicalisation doivent être holistiques, axées sur les droits de l’Homme et guidées par la connaissance plutôt que par la peur.

Mots-clés : Radicalisation, réseaux sociaux, jeunesse, cartographie, contre-mesures.

 

La haine en ligne, dans des temps d’incertitude

Atte Oksanen

Professeur en psychologie sociale à la Faculté des Sciences Sociales  à l’Université de Tampere - Finlande

 

La haine en ligne (cyberhaine, discours de haine en ligne) est un phénomène global qui peut prendre plusieurs formes et agresser sur des critères d’appartenance religieuse, de race, d’ethnicité, de genre, d’orientation sexuelle, d’origine ou des caractéristiques spécifiques à certains groupes. Notamment, la haine en ligne ne constitue pas une exception aux règles d’interaction dans l’environnement numérique, elle s’inscrit dans l’expérience générale. Nous manquons de données empiriques sur les évolutions qualitatives et quantitatives de la haine en ligne. L’incertitude sociale provoquée par des évènements inattendus susceptibles d’expliquer pourquoi les manifestations de colère et de haine prennent un nouveau tour en ligne.

Nous présenterons les principaux résultats de deux études. Pour la première étude, nous montrerons comment l’exposition des jeunes finnois (16-30 ans) à la haine en ligne  a évolué suite aux attaques terroristes de Paris en novembre 2015. Nous travaillons à partir de données recueillies auprès d’un échantillon nationalement représentatif  au printemps 2013, puis à la fin 2015, une quinzaine de jours après l’attaque de Paris. La deuxième étude a été réalisée fin 2015 dans cinq pays (France, Finlande, Norvège, Espagne, Etats-Unis), auprès d’une population âgée de 15 à 80 ans.  Les résultats indiquent que l’exposition à la haine en ligne s’est accrue suite aux attentats terroristes. De plus, on constate une évolution des contenus haineux avec une centration sur l’ethnicité ou la nationalité, les convictions religieuses et les orientations politiques.  Les échantillons internationalement comparables, montrent que les individus exposés à de tels contenus déclarent des niveaux de peurs sociétales plus élevés. On constate les mêmes effets quel que soit le pays et les résultats indiquent que le fait d’être exposé à la haine en ligne après des événements dramatiques peut contribuer à une augmentation du sentiment d’insécurité sociétal.

Mots-clés: Haine en ligne, incertitude, confiance, terrorisme.

 

Exposition à la haine en ligne et ses conséquences

Pekka Räsänen

Professeur en sociologie économique au département de sciences sociales de l’université de Turku. Finlande

 

Le développement récent des technologies de l’information et de la communication (TICE) s’est réalisé rapidement et à grande échelle et il s’ancre dans le développement des sociétés de l’information. Les services en ligne sont de nos jours tellement intégrés dans la vie quotidienne qu’ils sont devenus des outils ordinaires constamment utilisés dans une perspective de meilleure compréhension de soi et de construction de réseaux sociaux. Le fait qu’ Internet soit devenu essentiel dans notre vie de tous les jours, rend la déconnexion de plus en plus difficile.  Alors que les informations sur les individus s’accumulent via l’usage des sites des média sociaux, la vulnérabilité à différentes formes d’agression en ligne augmentent elle aussi. En même temps, la haine en ligne est devenue une préoccupation majeure dans de nombreuses sociétés occidentales, alors que très peu d’enquêtes se sont intéressées à l’exposition des jeunes à des contenus en ligne haineux ou menaçants. La haine en ligne est disséminée à la fois par des groupes haineux organisés et par des individus qui tirent parti d’une variété d’avantages qu’offrent les média sociaux de nos jours.

Nous présentons les résultats d’une recherche international qui montre que l’exposition à la haine en ligne est devenue fréquente. La haine en ligne vise souvent des questions telles que l’ethnicité, l’orientation sexuelle, la religion ou l’apparence physique. Notre présentation propose une analyse des victimisations personnelles et comment la haine en ligne est associée à la confiance et le bien-être subjectif des individus. Nos résultats montrent que ceux qui sont victimes d’agressions haineuses en ligne ou d’attaques rapportent des niveaux de bien-être subjectif inférieurs à ceux qui ne sont pas concernés par ce genre d’expérience. Les victimes ont aussi un niveau de confiance envers les autres moindre que celui des non victimes. De plus, la victimisation tend à avoir ces conséquences négatives sur les relations sociales. Les utilisateurs fréquents d’Internet sont plus à risque d’être victimes. Dans les quatre pays de notre étude, l’agression haineuse en ligne est une expérience relativement commune chez les jeunes utilisateurs et comme on peut s’y attendre, cela entraîne des conséquences négatives.

Mots-clés: Haine en ligne, victimisation, bien-être subjectif,  recherche par enquête.

 

Détournement de données personnelles dans le contexte de Friends 2.0

Anca Velicu, Monica Barbovschi & Bianca Balea

Chercheuses à l’INSOC (Institut de Sociologie) à Bugarest - Roumanie

 

L’essor des réseaux sociaux numériques a amené une augmentation sans précédent des agressions en ligne par les pairs (Boyd et Ellison, 2008), avec différentes formes de mauvaise utilisation des données personnelles (PDM) comme type de cyberharcèlement spécifique. Cyberharcèlement susceptible d’engendrer de nombreuses conséquences potentiellement négatives (Beyth-Marom et al. 1993; Boyer 2006; Gullone and Moore 2000). Dans ce contexte, des études récentes (Barbovschi & Velicu, 2014; Smahel & Wright, 2014; Vincent & Haddon, 2014) ont fait état de risques liés à des détournements de données personnelles (PDM), comme le partage et le marquage des pairs sans autorisation, l’usurpation d’identité (grâce au piratage et aux faux comptes), la dénonciation et l’humiliation publique (à travers la calomnie et le transfert de photos dénudées) (Weinstein and Selman, 2014). On peut toutefois se demander si ces expériences ont réellement un impact négatif sur les présumées “victimes” ou si elles sont “normalisées” et inclues comme une nouvelle forme d’interaction dans la culture des jeunes.

Cet article explorera les données les plus récentes concernant les expériences de détournement de données personnelles (PDM) des jeunes roumains et leurs perceptions quant à leurs conséquences négatives ou au contraire, leur acceptation comme forme de PDM. Ce rapport d’étude qualitatif et quantitatif repose sur des données collectées dans le projet Friends 2.0 (2015-2017; Roumanie) qui a pour objectif d’explorer la signification de l’amitié entre adolescents dans le contexte des réseaux sociaux. Plus précisément, nous nous appuierons sur 12 focus groupes  composés de jeunes âgés de 11-13 ans, 14-15 ans et 16-18 ans de même sexe dans deux régions urbanisées en Roumanie, ainsi que sur des données collectées par questionnaire avec des groupes d’âges identiques.

Mots-clés: Détournement de données personnelles, adolescents roumains, conséquences negatives, réseaux sociaux.

 

Les écoles multiculturelles confrontées au harcèlement et au cyberharcèlement : stratégies d’intervention et de prévention

Izabela Zych

Docteur en psychologie et chargée de cours à l’université de Córdoba – Espagne

 

Le harcèlement à l’école est une agression entre élèves, qui s’inscrit dans la durée et qui est extrêmement dommageable. L’émergence et le développement extrêmement rapide des technologies de l’information et de la communication offre de nouvelles opportunités d’apprentissage et d’établir et/ou de maintenir des interactions sociales dans un environnement attrayant et interactif. Outre ces opportunités, l’environnement numérique présente aussi de nouveaux risques.  Une nouvelle forme de harcèlement perpétré au moyen des outils électroniques a émergé : le cyberharcèlement.

L’implication dans le harcèlement ou le cyberharcèlement entraîne de graves conséquences pour les victimes, mais aussi pour les agresseurs et l’ensemble de la communauté éducative. La recherche montre que les minorités ethniques et culturelles sont vulnérables. De plus, la recherche récente que nous avons réalisée auprès d’un échantillon représentatif de plus de 2 000 adolescents  dans 22 établissements scolaires en Andalousie (Espagne) montre que des élèves rapportent des formes spécifiques de cyberharcèlement en raison de leur culture, de leur origine ethnique de leur orientation sexuelle ou encore de leur religion. Leurs enseignants (plus de 200) ont témoigné sur la façon dont les comportements en ligne des élèves y compris le cyberharcèlement en raison de la culture ou de l’ethnicité des victimes sont appréhendés dans leurs écoles.

Nous présenterons les résultats de notre étude sur ces stratégies et nous étudierons leur lien avec l’implication des élèves dans le cyberharcèlement. Dans la mesure où le harcèlement et le cyberharcèlement sont des phénomènes extrêmement complexes, les stratégies de prévention et d’intervention ne peuvent être simples. Nous présenterons aussi une stratégie d’intervention écologique, systémique qui s’adresse à l’ensemble de la communauté qui peut être utilisée pour éliminer ce type de violence. Le modèle de formation des enseignants de l’université de Cordoba basé sur une approche du climat scolaire dans son ensemble et centrée sur la promotion de relations interpersonnelles positives sera présenté ainsi que des stratégies de prévention et d’intervention efficaces qui pourraient être mises en œuvre en milieu scolaire multiculturel.

Mots-clés : Cyberharcèlement, harcèlement, écoles multiculturelles, minorités, prévention, intervention.

 

 

 

 

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